Le petit musée Cognacq-Jay à Paris (dans le Marais) expose Louis-Léopold Boilly (1761-1845) jusqu'à la fin du mois de juin. L. Boilly précède Daumier à Paris d'une, voire deux générations, en provenance du Nord de la France (Lille).
Comme son illustre successeur, Boilly peint Paris et les Parisiens sous toutes les coutures ; des plans larges : l'arrivée de la diligence, le café, le cabaret, le carnaval, la vie de caserne, le passage du pont, la vie de famille… et des plans resserrés : on estime qu'il a peint environ 5.000 portraits de bourgeois parisiens (!).
Son art, soutenu par une technique impeccable, se vend bien ; ses portraits réalistes, à la limite de la caricature, ont du succès.
L'appât du gain est sans doute le fil conducteur de l'art de Boilly, issu d'un milieu provincial modeste et qui doit assurer le train de vie d'une famille nombreuse.
On note que Boilly semble éviter les sujets religieux ou politiques, probablement parce qu'il vit dans une époque dangereuse où l'anticonformisme peut conduire à la guillotine.
L'art de Boilly est à cheval sur deux siècles, tenant à la fois du XVIIIe siècle pour l'art de la couleur, et du XIXe pour les innovations techniques ; il n'a pas la force satirique de Daumier, se contentant de tendre à son époque un miroir ; néanmoins les caricatures d'antiquaires, de médecins, de joueurs, d'amateurs d'art, sont comiques et annoncent les charges de Daumier contre les avocats, les magistrats, les députés…
De façon assez classique, Boilly relie la grimace au vice ; de même que le mouvement est associé à la foule stupide, qui se bagarre pour un pichet de vin ou une place de théâtre. De cette façon Boilly apporte sa pierre au redressement moral de la France, prêché par les philosophes des Lumières.