“Dérégler l'art moderne” (B. Tillier, éd. Hazan, 2021) nous ramène au temps des controverses stimulantes sur la caricature, avant qu'elle ne soit rétrécie à un outil de propagande politique au XXe siècle.
Dans l'extrait ci-dessous (p. 104), le romancier Jules Vallès (1832-1885) exprime son goût pour une caricature de la société plutôt que de ses dirigeants :
“Cette série de grands dessins politiques [de Daumier] prouve un talent vigoureux et hardi chez celui qui a meurtri ces visages, marqué ces hontes, mais je préfère la caricature qui s'attaque aux moeurs à celle qui atteint seulement les gouvernements ; je m'amuse plus devant le ventre de Robert Macaire que devant la poire de Louis-Philippe ; j'aime mieux voir ce qu'une époque a dans le coeur, ce qu'une société a dans le ventre, que d'apprendre ce qu'un monarque constitutionnel et des ministres responsables avaient dans la tête.”