Sortir de la binarité de genre

Cette tribune date certes de plusieurs mois, mais elle n'en reste pas moins pertinente, voire même indispensable. Signée par 4 scientifiques non-binaires, elle appelle les instituts de financement scientifique à revoir la façon dont elles abordent les questions liées au genre dans leurs sondages annuels.

Les auteur·ices ont en effet observé que ces sondages, destinés à évaluer l'évolution des besoins en financement, ne proposaient jamais d'autres cases que “homme”, “femme” et “ne souhaite pas répondre” à la rubrique du genre. Iels dénoncent notamment le fait que cette absence d'options supplémentaires fausse forcément les résultats des enquêtes, mais qu'elle contribue également à marginaliser tous·tes les scientifiques transgenres et non-binaires.

Et ce problème ne concerne évidemment pas uniquement le secteur scientifique : tous les formulaires, collectant des données pour tous les secteurs confondus, entretiennent généralement cette binarité de genre.

Et les auteur·ices de rappeler que la non-binarité de genre n'est plus une exception et qu'elle mérite d'être prise en compte : la génération Z est 2 fois plus susceptible de s'identifier en dehors de cette conception binaire que les générations avant elle, certaines études évoquant des chiffres allant jusqu'à 10% des jeunes s'identifiant comme non-binaires ou genderfluid.

Le 6 novembre, l'écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a remporté le prestigieux Prix Goncourt pour son roman “La plus secrète mémoire des hommes”. Celui-ci raconte la quête d'un jeune écrivain sénégalais pour retrouver la trace d'un auteur africain ayant fait scandale en son temps.

Full disclosure : je ne connaissais pas Mohamed Mbougar Sarr avant l'annonce de ce prix. Je l'ai depuis découvert (et immédiatement adoré) via cette interview de Brut.

Il est le premier africain subsaharien à remporter le Prix Goncourt.. mais pas le seul à remporter un prix littéraire cette année ! En 2021, le Nobel de littérature et le Booker Prize ont eux aussi été remportés par des auteurs africains, respectivement le Tanzanien Abdulrazak Gurnah et le le Sud-africain Damon Galgut. Il en va de même pour le Booker Prize international remporté par le Franco-sénégalais David Diop, le Prix Neustadt décerné au Sénégalais Boubacar Boris Diop et le Prix Camoes à la Mozambicaine Paulina Chiziane.

Les auteur·ices africain·es étant traditionnellement sous-représenté·es dans ces palmarès, cette année marque un tournant indéniable dans la prise en compte de l'Afrique dans le monde littéraire, notamment par l'Europe.

Les fêtes de fin d'année approchent, et avec elles une formidable occasion de repenser le concept de la famille, et de mettre en avant les différentes cultures. Target, la chaîne de grande distribution américaine, l'a bien compris, et ça depuis plusieurs années.

Pour cette année 2021, elle met l'accent sur les différentes confessions et cultures, et leurs manières de célébrer les fêtes. On y retrouve des traditions juives et musulmanes, mais aussi la tradition mexicaine Dia de los Muertos (2 novembre), Diwali (célébrée le 4 novembre par une partie de la communauté indienne), le Nouvel An chinois (1er février) ou encore l'Épiphanie (6 janvier).

La campagne redéfinit aussi le mot “famille”, en mettant en avant une famille homoparentale, une couple sans enfants, des familles nombreuses, des amis.. bref, so 2021 !

La semaine dernière s'est tenue à Glasgow, en Écosse, la COP26 (mais si, vous savez, cette conférence mondiale où l'on parle du climat entre gens puissant·es et où on fait rien après… pardon, je m'égare.). Les chef·es de gouvernements et les ministres concerné·es étaient invité·es, parmi lesquel·les la ministre israélienne de l'Énergie, Karine Elharrar, qui n'a pas pu accéder aux locaux… faute d'accessibilité.

La ministre, atteinte de dystrophie musculaire, se déplace en effet en fauteuil roulant. Le bâtiment où se tenait la conférence n'étant accessible qu'à pied ou via un service de navette, inadapté à son fauteuil, elle n'a pas pu y assister. Après avoir patienté pendant 2 heures, elle a été renvoyée à son hôtel.

C'est honteux, et ça se passe de commentaire. Personnellement, j'ai un peu de mal à saisir comment on peut prétendre vouloir s'emparer du sujet de la crise climatique, en oubliant de penser aux gens. Peut-être avez-vous une explication ?

C'est officiel : les États-Unis ont édité leur tout premier passeport non-genré. La décision de rendre ceux-ci disponibles avait été annoncée en juin dernier par le gouvernement Biden.

Le document a été édité pour Dana Zzyym, une personne intersexe qui s'identifie également comme non-binaire. Âgé·e de 66 ans, activiste et vétéran, iel avait attaqué le gouvernement américain en justice en 2015. On lui avait en effet refusé un passeport parce qu'iel refusait de remplir la case “genre”, qui ne proposait alors que les options “homme” et “femme”, et dans lesquelles iel ne se retrouvait pas. Iel se retrouvait donc privé de libertés, et notamment de sa liberté de voyager et de quitter le pays. Ce nouveau passeport affiche désormais un “X”.

Une dizaine d'autres pays, comme le Canada ou l'Allemagne, propose déjà un “troisième genre” sur ses documents officiels. Les États-Unis, qui autorisaient déjà leur citoyen·nes à choisir leur genre sur leurs documents, va désormais élargir la pratique du passeport non-genré : une grande avancée pour toutes les personnes intersexes, non-binaires, ou gender non-conforming.