La semaine dernière a eu lieu la 120e édition des Prix Nobel. Parmi les 6 catégories (médecine, physique, chimie, littérature, paix et un prix de la Banque de Suède en économie) et les 13 noms cités… une seule femme : la journaliste d'investigation philippine, Maria Ressa. Elle est lauréate du Prix Nobel de la Paix, pour avoir co-fondé la plateforme d'investigation Rappler. Elle partage son prix avec le journaliste russe Dmitri Mouratov (!).

Le manque de parité dans cette 120e édition est malheureusement à l'image de l'Académie des Nobel toute entière : depuis leur création, on dénombre seulement 6% de lauréatEs - et seulement 3,7% de femmes pour les prix scientifiques.

Un peu de progrès cela dit : sur les 59 femmes récompensées en 120 ans, 28 l'ont été dans les 20 dernières années. En 2020, on assistait même au tout premier duo féminin pour le prix Nobel de chimie. De quoi compenser (ou pas) les crus 2016 et 2017, tous deux 100% masculins.

Je vais être tout à fait honnête : je déteste Dave Chappelle. Toute sa carrière est construite sur des blagues sexistes et un “humour” oppressif. Le voici donc qui récidive avec un nouveau spectacle, The Closer, diffusé en exclusivité par Netflix. Dans ce nouveau one-man show, Dave Chappelle prononce un long monologue transphobe et homophobe, allant jusqu'à s'auto-identifier comme TERF*.

Les réactions ne se sont pas faites attendre, tant du côté des internautes que des salarié·es de Netflix. Le CEO de Netflix, Ted Sarandos, a de son côté apporté son soutien à Dave Chappelle, estimant que ses propos relèvent de la sacro-sainte liberté d'expression, et qu'ils ne pouvaient avoir de répercussions dans le monde réel (??).

Plusieurs employé·es trans et allié·es ont annoncé une journée de grève le 20 octobre, pour protester contre le maintien du spectacle sur la plateforme.

*TERF : Trans Exclusionary Radical Feminists, une idéologie féministe qui considère que les femmes trans ne sont pas des femmes, mais des hommes infiltrés qui ont pour objectif de maintenir l'oppression sur les femmes cis. Sur ce sujet, je vous recommande la fantastique vidéo de Contrapoints.

Après Robin, fidèle compagnon de Batman, c'est au tour de Superman de faire son coming-out bisexuel. DC Comics a en effet annoncé le 11 octobre, Journée Mondiale du Coming-Out, que Jon Kent, fils de Clark Kent et héritier du rôle de Superman, afficherait fièrement sa relation avec son ami reporter, Jay Nakamura.

Il n'en fallait pas plus pour faire paniquer les masculinistes et autres conservateurs un peu têtus - on ne déconne pas avec Superman et la virilité, oh ! De son côté, l'auteur de la nouvelle bande dessinée, à paraître en novembre, s'est félicité : «Le symbole de Superman a toujours représenté l’espoir, la vérité et la justice. Aujourd’hui, il est quelque chose de plus».

Une nouvelle belle avancée dans la pop culture en matière de représentation, parce que qui a dit qu'il n'y avait que les hétéros qui pouvaient sauver le monde ?

Le 11 octobre, l'État du Minnesota, aux États-Unis, célébrait l’Indigenous People’s Day, ou Journée de célébration des peuples indigènes. À cette occasion, l'entreprise Minnetonka, implantée dans cet État et populaire pour ses mocassins, a présenté des excuses formelles auprès de la communauté Native (que nous appelons Indien·nes d'Amérique en français).

Le communiqué de presse est limpide : l'entreprise reconnaît qu'elle n'a pas été fondée par des personnes Native, mais qu'elle s'est librement inspirée de motifs autochtones pour en tirer du profit financier, sans directement honorer la culture ni les communautés concernées.

L'entreprise va plus loin que la reconnaissance officielle de l'appropriation culturelle, puisqu'elle s'engage à soutenir de manière effective les communautés Native, dans la constitution de leurs équipes et de leurs réseaux de partenaires, mais aussi pour les designs de leurs produits et la communication autour de la marque.

À noter que cette déclaration est spontanée, et n'est pas une réponse à une polémique brûlante comme c'est souvent le cas pour les marques embarquées dans des scandales d'appropriation culturelle. Même si, certes, après 75 ans, il était temps.

Si vous ne le connaissez pas, Bretman Rock est un influenceur beauté philippin de 23 ans, qui a explosé sur les réseaux sociaux il y a quelques années. Depuis, il a obtenu son propre show sur la chaîne de télé américaine MTV - et désormais, une couverture historique pour Playboy.

Sur cette Une, Bretman Rock pose avec les légendaires oreilles de lapin, un corset et des talons vertigineux. S'il est le 4e homme à poser en couv’ du magazine érotique, il est à la fois le premier homme racisé et le premier ouvertement gay à le faire.

Les internautes sont partagés : en termes de représentation, il s'agit évidemment d'une victoire. D'autres s'interrogent sur la logique de cette couverture pour un magazine destinés à des hommes hétéros, suspectant une instrumentalisation de Bretman Rock, ou condamnent l'existence-même de Playboy.

Quant à moi, je n'ai pas d'avis tranché - à part que j'aime tout ce qui provoque des mini-séismes dans les milieux masculinistes. Et je trouve les photos incroyables.