On retrouve les questionnements apparus dans le dossier de recherche de Marc. Le cerveau existe-t-il ?
« A travers cette question, Marc s’interrogeait peut-être sur le siège de la conscience. On postule depuis toujours, dans le monde occidental, que le monde préexiste à la conscience. Alors que, d’après moi, c’est l’inverse ! »
Tu veux dire que Marc, à travers cette langue primordiale, renoue avec une autre forme d'appréhension du monde, qui pourrait s'apparenter à celle des shamans ou de certains sages qui disent que le monde est une illusion ?
« Dans la tradition orientale c’est ce qu’on appelle la maya, une sorte de voile qui masque la réalité. Le monde est une illusion créée par notre conscience. D'une certaine façon, on s'auto-hypnose à penser que notre monde est réel. Il ne serait « que » une projection holographique d’un niveau de réalité plus grand, un peu à l’image de la métaphore de la caverne de Platon. »
Les thèses de Clément me rappellent les mots de Jérôme Walczak :
« Marc était pénétré de l’âme polynésienne, un univers où rêve, réalité, esprits, artefacts, temps du passé et du présent s’entremêlent. (…)
Je ne sais pas comment t’expliquer, comme il y a des cerveaux gauche et droit, avec les neurones afférents, les connexions entre rêve et raison, il y a peut-être aussi des humains dans notre monde qui fonctionnent comme des neurones, des réseaux, qui ne s’activent que par le rêve, et ce rêve devient alors réel. On est en plein monde quantique. »
À ce moment, je me dis que nous n’avons de Rapa que des sensations données par les photos de Jaume et d’autres, des récits et des témoignages, des thèses sur les pare et les mystères de l’île, des symboles et des mots… Nous n’avons que la Carte.
Pour tenter de mieux comprendre la réalité de l’île et de Marc, il nous faudra nous rendre à Rapa afin d’avoir notre propre perception du Territoire.