Les conserves de crabe retrouvées dans le carton ne témoignent pas d'une collusion étroite avec l'ennemi de l'est. Les poursuites sont donc vite levées. Mais pour Joachim, il faudra attendre quelques années, et une fête de la Saint Sylvestre improvisée, pour se rendre à nouveau au nord. Et y rester neuf ans.
C'est cette période de sa vie que donne à lire Joachim Bessing dans son dernier livre,
Hamburg. Sex City, paru aux éditions Matthes & Seitz. Une plongée dans le Hambourg des années 90,
entre rock et
black noise, les soirées dans des lieux disparus (comme la discothèque Tempelhof) et des institutions toujours bien vivantes (le disquaire Ruff Trade Records, le Golden Pudel Club…).
Dans cette décennie qui suit la chute du mur, Hambourg se distingue alors des autres grandes villes allemandes par la «biodiversité» de sa scène culturelle. Sur un fond sonore pop (Lassie Singers) ou punk (Die Goldenen Zitronen), l'auteur vit et observe une «dispersion de musique et de théorie» qui traverse la ville, «de Sankt Pauli à Eimsbuttel en passant par Altona.»
Dans un texte qui nous replonge dans certaines empoignades théoriques des milieux de gauches de l'époque, Joachim Bessing n'hésite pas à sortir de Hambourg pour nous plonger dans la scène reggae, nous faire rencontre Lee Scratch Perry en Suisse et nous emmener avec lui jusqu'en Jamaïque.
Des détours qui peuvent surprendre le lecteur, mais qui ne sont pas vains. Quand il rentre en Europe, celui qui habite désormais à Francfort après être passé par Bonn s'interroge : «S'éloigner, n'est-ce pas en retour une forte de rapprochement ?»