Dans un rapport de 2010, l'Institut allemand des droits de l'homme préconisait déjà d'en finir avec le terme «race» dans le texte fondamental. Une position adoptée dès 1996 par le parlement européen pour ses propres règlements et suivie par divers pays, dont la France en 2018.
En juin 2020, la plupart des partis politiques allemands, à l'exception peu surprenante de la formation d'extrême-droite AfD, s'étaient prononcés en faveur d'une telle évolution.
Porteuse de l'initiative législative présentée vendredi dernier à la chambre des Länder (Bundesrat), la ministre de la justice de Hambourg, Anna Gallina, pointe le problème qui consiste à faire reposer la lutte contre les discriminations sur un terme issu lui-même des idéologies racistes :
Inconsciemment ou non, ce terme peut être mobilisé comme une preuve pour affirmer que les races humaines existent.
Si diverses solutions alternatives ont été évoquées ces dernières années – de la simple suppression au recours à des expressions tout aussi problématiques comme «ethnie» – la proposition de loi suggère de remplacer le mot «race» pour viser désormais les discriminations effectuées «de manière raciste» (rassistisch).
Soutenue par le Land de Thuringe et le gouvernement fédéral, la proposition de loi va être examinée à partir de lundi en commission avant de revenir devant le parlement. Pour être adoptée, une révision de la constitution doit recueillir deux tiers des voix du Bundesrat et du Bundestag.