Avec deux procès, des enquêtes en cours et plusieurs plaintes contre lui et d'autres participants, le bilan n'est pas mince. Alors que «dormir [sur place] fait partie intégrante de notre action», souligne Lasse Jonathan, les conflits les plus vifs auront porté sur le matériel autorisé au sein du camp, les autorités rejetant dans un premier temps tout dispositif de repos.
Après décision de justice, le sommeil est désormais autorisé mais deux personnes doivent être éveillées, faute de quoi le caractère de rassemblement politique ne pourrait plus être reconnu. Dans les faits, comme l'indique Lasse Jonathan, «la police vient, nous réveille et dit que deux personnes doivent rester debout. Trente minutes plus tard, on dort tous à nouveau.»
Si le renforcement progressif des mesures sanitaires a obligé à mettre sur pause un certain nombre d'activités, le camp reste toujours ouvert au public : «La majorité des personnes sont pour la protection du climat, mais beaucoup ont des questions sur nos revendications.»
Un sujet en particulier ? «Les centres-villes sans voiture. Il faut expliquer que ce n'est pas une ville absolument sans voitures, qu'il y a toujours les possibilités de circuler pour les véhicules de secours, pour les livraisons, qu'il faut renforcer les transports publics…» Il en est convaincu : après ces échanges, «les gens nous quittent avec une meilleure impression que celle qu'ils avaient quand ils sont venus nous voir.»
Un optimisme qui lui font regretter d'autant plus les divisions au sein du mouvement. À l'approche des élections du Bundestag de septembre, Lasse Jonathan craint un éparpillement des voix écologistes, très néfaste dans un système électoral où les partis sous la barre des 5% n'ont pas voix au chapitre. Un destin que Lasse Jonathan prédit au nouveau parti
«Klimaliste», créé par des membres de «Fridays For Future», s'il ne parvient pas à créer un véritable élan derrière lui.
Membre depuis son enfance de la NABU, la fédération allemande de protection de la nature, Lasse Jonathan aura été actif dans la défense des chauve-souris avant de rejoindre «Fridays For Future» sur le tard, début 2020. «Aujourd'hui je suis plus actif sur le camp que pour mon travail et mes études réunies» observe celui qui est originaire d'un village à côté de Lüneburg, au sud-est de Hambourg. Inscrit à l'université Humboldt de Berlin, il souhaite s'établir dans la ville hanséatique ces prochaines années: «Je ne me vois pas bouger à Berlin. Avec “Fridays For Future”, j'ai pris tellement de plaisir et pu rencontrer tellement de gens ici.»