Il est question dans votre livre de réalité virtuelle, de sociétés sécurisées, de mise en scène. Est-il devenu difficile de vivre réellement les choses ?
Cela ne concerne peut-être pas tout le monde mais moi, j’ai un besoin existentiel de ressentir. Je ne suis pas à la recherche de la violence mais je vais en montagne, j’escalade, je fais des voyages extrêmes, j’ai besoin d’aller à mes limites et de les dépasser. Je trouve cela très libératoire de surmonter mes peurs, de voir que mes limites se situent plus loin que ce que je pensais.
Vouloir être un héros, ou ces quinze minutes de gloire, ce qui pousse Kathrin dans mon livre, je n’en ai en revanche pas besoin. Mais je peux comprendre que les gens aient ce souhait. On veut être unique, on veut être vu, d’où cette explosion inimaginable des influenceurs, des médias sociaux, des likes…
Votre roman ressemble à un collage. On y retrouve le texte de vidéos youtube, des passages de chansons, des mots de différents dialectes et aussi un emprunt à un forum de jeux vidéos…
J’ai beaucoup de plaisir avec la langue. J’aime jouer avec, trouver de nouveaux néologismes, je bricole, je crée des substantifs. J’aime beaucoup ces mots du dialecte du nord de l’Allemagne. Et quand je suis en Suisse, je me réjouis toujours d’apprendre de nouveaux mots.
Dans tous mes romans, j’écris depuis la tête de mes personnages. Et je trouve qu’une langue narrative standard ne fonctionnerait pas vraiment. Ce que l’on vit est beaucoup moins ordonné que ce que l’on pense. Je le fais cependant de manière intuitive, je ne m’attarde pas sur une phrase pour trouver la formulation la plus étrange. Je parle beaucoup comme ça.