Sylvie Bagarie, grande lectrice, partage ses découvertes.
En islandais, ör signifie « cicatrices ». Lâauteur prĂ©cise que le terme sâapplique au corps humain, mais aussi Ă un pays ou Ă un paysage malmenĂ© par la construction dâun barrage ou une guerre.
Câest un livre profond et drĂŽle, dont le hĂ©ros, Jonas Ebeneser, qui va avoir 49 ans, se dĂ©crit comme de « Sexe masculin- DivorcĂ©- HĂ©tĂ©rosexuel- Sans envergure- Sans vie sexuelle- Habile de ses mains ». Jonas est un lecteur de la Bible, de Paul Celan, Nietzsche, Hemingway, LĂ©onard Cohen, et tire beaucoup de plaisir Ă rĂ©parer la plomberie ou Ă construire des placards. Mais rien ne suffit Ă nourrir son quotidien solitaire.
Jonas veut mourir mais ne sait pas comment sây prendre dâautant quâil veut Ă©pargner Ă sa fille la vue de son cadavre. Il dĂ©cide, aprĂšs rĂ©flexion, de partir pour lâun des pays les plus dangereux du monde, oĂč il doit ĂȘtre facile de disparaitre.
Il part sans vĂȘtements de rechange mais avec sa trousse Ă outils, on ne sait jamais⊠Et trouve un hĂŽtel au bord de la mer. Dans ce pays - jamais nommĂ© - qui nâa pas vu un touriste depuis des annĂ©es, il est dâabord regardĂ© avec suspicion, avec sa perceuse. Mais trĂšs vite, ses qualitĂ©s de bricoleur sont mises Ă profit par la petite communautĂ© de survivants de la guerre, et il leur devient indispensable.
Ce livre est un roman initiatique sur la seconde vie dâun homme de 50 ans, qui mĂȘle, avec une grande rĂ©ussite, la rĂ©alitĂ© la plus triviale Ă des rĂ©flexions philosophiques. Câest un baume pour les cicatrices mal refermĂ©es, il console sans nous bercer dâillusions, il laisse le chagrin venir.
ï»żAudur Ava Olafsdottir, Ăr, Zulma
â Sylvie Bagarie